Comment se défaire des associations d’idées

Être ou ne pas être manipulé, telle est la question. Les frontières de la manipulation sont tantôt floues, tantôt clairement définies. Il est évident que nous sommes tous plus ou moins manipulés, en certains moments de nos vies. Pour le meilleur et pour le pire. Il arrive, par exemple, que l’être aimé nous manipule gentiment à bon escient, afin de nous faire cesser de mauvaises habitudes. De même que nous manipulons toujours un peu nos enfants afin de les faire évoluer, les faire mieux grandir.

Comme nous l’avons vu dans « Comment repérer un discours manipulateur et renforcer son propos», la répétition d’une idée peut s’ancrer dans l’esprit et influer sur les décisions. Par exemple, telle marque cherche à créer LA boisson de cet été. Le beau temps revient, on a envie de se rafraîchir. Si dans le mois on voit la boisson un certain nombre de fois (affiches, magazines, ou bien on entend le nom à la radio…), il est très possible que l’on fasse l’association : envie de rafraîchissement = telle boisson.

À cela vous me répondrez peut-être : « Pas pour moi. D’ailleurs, je suis imperméable au type d’associations d’idées dont tu parles ».

Entendu. Peut-être bien pour l’exemple que j’ai cité, et tant mieux. Mais n’y a-t-il aucune association d’idées qui vous touche ? Jamais, et de quelque sorte que ce soit ? Supposons que cette association d’idées se fasse. En ce cas, vous direz peut-être :

« L’association d’idée liée à l’exemple cité n’entraîne pas de conséquence particulière. Ce sont juste quelques publicitaires un peu malins, rien de plus. Si je bois leur boisson, pourquoi pas ? ».

La manipulation est un engrenage

Admettons. Mais êtes-vous bien certain que cela n’a aucune conséquence ? D’une part, les sodas sont extrêmement néfastes sur le long terme (et même à moyen terme). D’autre part, rappelons-nous la phrase que le gouvernement du roman « 1984 » de Georges Orwell impose au peuple : « 2 + 2 = 5 ».

Dans l’absolu, qu’est-ce que ce « 2 + 2 = 5 » entraîne ? Pas grand-chose. Dans l’absolu, on peut même considérer le slogan comme étant vrai tout en reprenant les règles mathématiques classiques pour tout autre calcul. Seulement, cette opération volontairement faussée est un symbole. Un point de départ. À partir du moment où on est parvenu à faire accepter une telle absurdité, on peut faire passer à peu près n’importe quoi d’autre.

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Si l’on accepte l’association d’idée « rafraîchissement = soda » (ce qui EST bel et bien une absurdité), acceptera-t-on pour autant n’importe quel mensonge ? Pas nécessairement d’emblée. Mais je pense qu’on sera bien plus manipulable pour tout un tas d’autres idées incohérentes.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il s’agit là d’un schéma. D’un processus mental.

On reçoit une image simple, qui fait appel à l’émotionnel et aux ressentis.

On cherche ainsi à nous faire intégrer un schéma qui, en principe, n’a pas lieu d’être. Ce n’est pas la même chose que lorsqu’on débat d’un sujet avec un ami. Selon la réflexion et les arguments entendus, on peut évoluer dans son opinion… et même changer totalement d’avis. On a alors changé par le biais de la raison. Or, dans une association d’idée publicitaire, on change par le subliminal. Par ce qu’on nous force à intégrer.

Une autre association classique, liée au soda, est celle que la firme Coca Cola a su faire passer.

« Moment festif et convivial = coca ».

Un moment convivial est agréable à imaginer. En vous montrant cette idée, on vous montre une image plaisante, sympathique. On ne songe pas directement à la consommation. Le publicitaire y ajoute une couleur vive (le rouge), et si c’est une publicité télévisée il y a ajoute également une ambiance rassurante (musique, sourires…). Ou bien on associe cela à un esprit fun et décalé, au sport, à la joie, au partage… parfois même à l’amour ! Bref, les sentiments les plus beaux et les existences les plus attirantes sont présentés, puis associés à un produit. Ces moments n’ont strictement rien à voir avec le produit… qu’importe, l’essentiel est que l’association d’idée se fasse peu à peu dans l’esprit.

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Par la suite, d’autres associations d’idées peuvent se faire bien plus facilement. Qu’elles soient publicitaires, dogmatiques, idéologiques… Sans vouloir oppresser les religions, elles usent souvent de ce stratagème : elles parlent d’images idylliques (paradis, félicité, bonheur…), puis les associent ensuite à tel ou tel prophète. Je ne prétends pas qu’il ne faut pas boire de soda, ni rejeter les religions. Je dis que tout choix doit en être un vrai. Un choix que vous aurez pris en votre âme et conscience, et non pas qu’on vous aura implanté.

C’est pour cela que dans le monde du Zen, on parle toujours de conscience et de recentrage.

Être conscient en permanence ? C’est impossible. Il ne faut pas chercher cet état, vous n’y parviendrez pas. Ne culpabilisez pas de vos états inconscients, au cours desquels vous êtes hypnotisé par des messages : nous sommes tous pareils, ce sont des processus propres à la nature humaine. L’essentiel est de songer, régulièrement, à faire le point et faire la part des choses entre ce que l’on pense/croit vraiment… et les associations d’idées que l’on nous a artificiellement inculquées. Cela crée des déclics qui permettent d’aller plus loin. Par exemple, de repenser son alimentation / ce que l’on consomme / son mode de vie / ses goûts, etc.

Vous aussi, faites le point régulièrement et vous parviendrez à gommer peu à peu toutes les associations d’idées néfastes qui sont en vous.

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