Quand le vêtement redevient message de séduction

Lorsqu’on est en fugue, et que cette fugue devient une cavale, la justice et la police vous cherchent partout… Mais pour Emilie et Benjamin, se cacher dans la lumière est encore la meilleure solution, surtout depuis qu’ils ont posé les pieds dans ce camping naturiste… Extrait de mon roman initiatique « Nous les Indiens ».

Le soir tomba comme les degrés, et les corps se couvrirent. Après une bonne soupe chaude, Emilie et Benjamin n’avaient pas encore sommeil et se préparaient pour une balade digestive lorsque Blandine passa les voir, revêtue d’une jupe écossaise et d’une chemise. Ben remarqua aussi des paillettes dans ses cheveux.

— T’as mangé ? Lui demanda Emilie en s’apprêtant à lui servir un bol.

— Bah oui, depuis longtemps. Vous faites vraiment rien comme les autres vous deux, pouffa-t-elle. Votre maman vous fait encore faux bond ?

— Tu serais passée y a une heure que tu la croisais. Là elle est partie avec un mec rencontré ce matin. Elle devrait pas revenir avant demain, si tu vois ce que je veux dire.

A son air, ils virent qu’elle n’avait pas saisi. Avec une fille aussi candide c’est presque pas la peine d’inventer des mensonges, pensa Emilie.

— J’étais venue voir si vous passiez à la soirée.

— Quelle soirée ?

— Celle du Club-Vadrouille. C’est que pour ceux de notre âge. Enfin un peu plus et un peu moins, mais pour les jeunes quoi. Une boum, si vous préférez.

— On n’était pas au courant.

Blandine pouffa de nouveau.

— Vous avez pas vu les affiches ? Du coup j’ai bien fait de passer. Vous venez ?

Ils se préparèrent. Blandine prêta un chouchou à Emilie et lui attacha les cheveux façon « mode », Ben se sapa avec les quelques habits propres qui restaient, pantalon de toile et chemise blanche. Quant aux vêtements d’Emilie, elle n’en dénicha pas un seul qui n’était pas froissé. Elle voulut y aller en t-shirt et jean, Blandine lui dit que ce n’était pas l’usage et les invita à la caravane familiale. Là, elle lui prêta une jupe noire, des collants et un chemisier noir à rayures rouges. Blandine, pour dix jours de vacances, avait emporté une quantité déraisonnable de vêtements dont elle ne sortait pas la moitié, surtout en pareil endroit.

La soirée du Club-Vadrouille était partagée entre un côté cour de récré et une allure plus mature. Il était drôle de voir à quel point la frontière était mince. Un instant d’inattention et hop, la fraîcheur et l’innocence du jeune âge se perdaient en enfantillages. Emilie et Benjamin eux-mêmes n’auraient pas osé trop de gamineries dans une telle atmosphère. Les blagues les plus courtes étant les meilleures, ni elle ni lui n’eut envie de réitérer le petit jeu de la salle des fêtes. Blandine se fit un peu draguouiller sans bien saisir ce qui arrivait. Ce n’est pas qu’elle était indifférente aux codes de séduction, c’est surtout qu’elle ne les cernait pas encore.

Elle avait poussé trop vite, on la prenait pour une ado sans saisir que son esprit était encore celui d’une enfant. Sa collection de fringues était avant tout pour jouer à la poupée avec elle-même, une sorte de préparation pour plus tard. Sur la piste on se toisait, se lançait des regards de haut en bas et les gazelles jouaient à cache-cache avec les lions. Même s’il ne se passait pas grand-chose, la séduction se redécouvrait par le vêtement et était de fait décuplée. Il faut croire que les habits prêtés par Blandine seyaient bien à Emilie, car elle se retrouva bien plus convoitée et entourée qu’en journée. S’efforçant d’être aimable avec tout le monde, cette ambiance néanmoins la pesait.

Si en journée les regards restaient discrets, là on se dévorait des yeux sans aucune retenue. Le monde à l’envers, se dit Emilie. Ils convoitent de minuscules parties de peau qu’ils ont tant vu entièrement et sans rien au préalable ! Le garçon, qui aurait pu être jaloux, ressentit une certaine fierté à voir la copine autant adulée. Elle qui n’était pas avec lui maintenant ne serait plus qu’avec lui tout à l’heure. C’est avec lui qu’elle cavalait, dormait, déjeunait et parfois se pelotonnait.

Qu’ils tournent… qu’ils tournent autant qu’ils veulent, ils me feront du vent. Quant aux autres filles, le garçon croisa nombre de minettes qu’il avait suivies les jours précédents. Les regards furent nombreux, et chacun sembla estimer que c’était suffisant. Tout le monde finit par danser, ce qui était une autre forme de communication et de séduction, pas tant pour nos fugueurs qui eurent juste envie de se défouler et se faire plaisir.

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