Solution miracle : et si tous les thérapeutes étaient au chômage ?

La solution miracle n’existe pas, nous sommes des êtres trop complexes pour cela. Chacun de nous est différent par sa personnalité, son style, son parcours. Même un seul domaine peut se vivre et s’appliquer très différemment. Si on prend par exemple le yoga, votre expérience de cette gymnastique douce dépendra…
. Du type de yoga pratiqué
. Du moment choisi (votre corps et votre esprit sont-ils prêts ?)
. De la personne qui vous l’enseigne (ou du livre choisi)
. De votre état d’esprit…

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Le professeur X découvre enfin la formule miracle du bien-être et de l’apaisement…

Ceci dit, mettons-nous dans une projection fictive, et imaginons qu’il existe bel et bien une solution miracle, que l’on viendrait de découvrir. Cet exercice va nous permettre de découvrir les qualités qu’un bon praticien devrait avoir, du moins selon mon point de vue.

Alors qu’il existe à travers le monde des milliers de stages, de thérapies, de cours, d’atelier etc. orientés sur le bien-être, le développement personnel et la psychologie, un scientifique iconoclaste prétend avoir découvert une solution balayant tout ce qui existe d’un revers de manche. L’homme a étudié le fonctionnement du psyché humain et a établi un programme selon lui révolutionnaire : quelle alimentation prendre, quelle eau boire, quels exercices de méditation sont à faire au quotidien, quel sport pratiquer…

Encore une méthode parmi tant d’autres, se dit-on. Encore un qui cherche à faire le « buzz » et pense avoir la science infuse. Mais les mois passent, et tous ceux qui testent sa méthode obtiennent des résultats incroyables. Le programme prend de l’ampleur, tous ceux qui en ont besoin s’y mettent. Le succès devient alors mondial, et en quelques années presque plus personne, hormis quelques nostalgiques, n’a besoin d’avoir recours à quelque autre pratique que ce soit. À travers les cinq continents, c’est donc toute une nouvelle catégorie de chômeurs qui apparaît. Parmi lesquels :
. Les magnétiseurs, praticiens de Shiatsu, de Reiki.
. Les psychologues, psychiatres et psychothérapeutes en tout genre.
. Les professeurs de Yoga, Pilates, Taï-chi.
Etc. Bref, des dizaines de milliers de personnes.

Que deviendraient-ils alors ? Cela dépendrait de chacun. Mais sans doute, pour certains, verrait-on l’énorme paradoxe du praticien bien-être tombant lui-même en forte dépression, tout en ayant du mal à subsister à ses besoins. Bien sûr, cette solution miracle n’arrivera sans doute jamais. Mais…

pour tout praticien en herbe (ou professionnel, ou semi-pro), il peut être enrichissant de s’imaginer cette situation.

Et de se demander de quelle façon on rebondirait.

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Un praticien cohérent est un praticien ayant plusieurs cordes à son arc

Simple exercice imaginaire sans importance ? Pas si sûr. Car cela touche un domaine fondamental : celui de la cohérence.
Bien des praticiens ont été à la base des gens qui souffrent. Nombre d’entre-eux a connu des envies suicidaires, de très fortes dépressions, angoisses, etc. Cela n’a rien d’étonnant : on vient rarement au monde du bien-être par hasard. En fait, ceux qui sont d’emblée bien dans leur peau et parfaitement apaisé n’ont, en général, nullement besoin de faire de la méditation ou de la relaxation. C’est pour cela qu’il est parfaitement possible d’avoir un état d’esprit totalement « zen » tout en étant hermétique à toute méthode de développement personnel.

Pour devenir praticien et donner des séances à d’autres ou enseigner une méthode (là encore, que ce soit de façon amateur, pro ou semi-pro), il est essentiel d’avoir réglé le gros de ses soucis. Et se sentir également suffisamment prêt et mature pour se lancer. – C’est pour cela notamment, que malgré les demandes régulières, je n’ai pas encore réalisé de nombreux projets, tels que le coaching personnalisé ou les ateliers de magnétisme… et que je commence tout juste à mettre cela en place –
Certains praticiens font l’erreur de se lancer sans avoir réglé suffisamment de choses en eux-mêmes. De fait, ils cherchent à se soigner en soignant les autres. D’autres encore ne jurent que par leur pratique. Si l’on prend l’exemple de la méditation, cette technique emplit alors toute leur existence, et devient leur leitmotiv.

Le paradoxe de certains séminaristes/professeurs/organisateurs de stages

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Or, pour rester dans cet exemple (applicable au reste), quel est l’objectif de la méditation ? C’est un outil du quotidien. Un moyen, et non pas une fin en soi. C’est pour cela qu’à mon sens, il est important pour un praticien (et même essentiel) de ne pas jurer uniquement par sa pratique. Car en ce cas :

. Les gens qui souffrent sont un facteur indispensable de notre existence, ce qui n’est pas très sain. Plus il y a de gens névrosés et dans le mal-être, plus il y a de clients, et qui sont prêts à payer cher. Le jour (fort hypothétique, il est vrai) ou une solution miracle survient, le praticien se retrouve à la rue et sa vie n’a plus aucun sens. En somme, ce qui devrait être une nouvelle positive pour la société serait pour lui la pire des éventualités.

. On est TROP dans l’aide à l’autre, ce qui embrouille l’esprit. On finit par se prendre, même inconsciemment, pour une sorte de gourou.

. On fait de sa pratique le moyen le régler ses factures et son loyer : de fait, si on propose des solutions qui fonctionnent vite et bien, ce n’est pas si bon pour le commerce. De même qu’on peut difficilement s’adapter aux petits budgets. On a donc tendance à proposer des solutions longues et coûteuses, ne serait-ce que pour être certain d’avoir de quoi vivre.

C’est pour cela qu’à titre personnel, je refuse d’avoir une seule et unique activité. Je sais faire des ateliers d’écriture. Je peins, dessine, fais du body-painting. J’écris également de la littérature, sous différents pseudonymes. Cela ne fait pas de moi un artiste particulier, ni un être exceptionnel. Mais cela rend ma démarche de bien-être cohérente, plus saine. Je n’ai pas le besoin absolu de rencontrer de nombreuses personnes qui souffrent : je suis prêt à les aider en fonction de mes moyens, mais leur présence n’est pas indispensable à ma vie. Si elles ne sont pas dans la souffrance, j’en suis ravi. Et si demain cette solution miracle survenait, je ne serais pas dans un état de panique, et ne serais pas non plus menacé par la ruine. Je serais ravi de cette nouvelle, et je garderai mon blog ouvert simplement pour parler de mes songes et réflexions.

Souhaitez-vous donner des cours, des ateliers, des séances individuelles ou de groupes ?

Si oui, laissez résonner cet article en votre âme, et relisez-le si besoin est. Refaites cet exercice dans votre esprit, en imaginant un scientifique découvrant la solution miracle. Que feriez-vous ? Si vous vous sentez dans le mal être, vous avez encore à travailler sur vous pour avoir une démarche cohérente. Ce n’est qu’une étape. Si vous vous sentez bien, vous êtes certainement sur la bonne voie.

Une réponse

  1. Hahaha je suis ravi de lire ton billet et ton blog d une manière globale. Dans la lucidité qui pour moi et un facteur indispensable au thérapeute il y a ce gros point d accroche on veut faire du bien certes mais à la base nous vivons tel le charognard (j emploi le mot à dessein) sur le mal-heureux des autres. C’est un moment pas forcément simple à gérer danjs sa pratique. J’aide les gens mais j ai besoin qu ils soient mal pour vivre … Paradoxe ?
    Option 1 : je me donne bonne conscience et apporte le minimum d’eau pour pas que la personnes meure mais ne vive pas pleinement non plus. C’est quand même super cynique

    Option 2 : je ne me definit pas avec l etiquette sociale Therapeute. Mais plus comme un conseiller. D’une ca permet de ne pas « soigner », terme fallacieux s’il en est, mais d’aider l’autre à retrouver la santé / harmonie (voir le serment d Hippocrate « le praticien AIDE à rétablir la santé ») et de deux ca nous laisse libre de faire autre chose et de ne pas avoir besoin de la souffrance des autres pour obtenir notre bonheur matériel. Dans un monde idéal le don serait le moyen idéal hélas nous ne sommes pas dans un monde idéal (en tout cas dans la forme)

    Entièrement d’accord avec toi sur les tarifs et la selection d’une « élite » pouvant s offrir ce travail il existe pourtant bien des solutions pour vivre soi en permettant à tous d’avoir acces à ce genre de pratique. Pour ça il faudrait aussi que les « thérapeutes » se montrent un rien plus frugal … et le coaching à l américaine n’aide pas.

    Le terme suisse de Conseiller de santé devrait être mis en avant à la fois plus honnete et faisant des praticiens plus des « sages » que des dieux vivants qui vont « solutionné » les soucis des autres.
    De plus n’oublions pas que 90% de nos soucis c’est nous même qui les avons mis en place on a donc 90% du temps les outils pour réparer …
    Renaud

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