Et ne faisant plus qu’un tu m’emmènes vers les cieux…

Quelques extraits choisis de mon recueil “Petites histoires pour chasser les mauvais esprits”…

Plaisir de chat

Yeux qui s’affinent

Tranchent la pénombre

Regard qui tue l’obscurité

Silence qui s’installe

Blotti entre mes pattes de velours

Mes griffes acérées

Ne sont là que pour toi

Que pour te protéger

Toi seule

Je frissonne, tu frissonnes

Ne conjuguons pas plus loin ce si doux verbe

Frissonner à deux est suffisant

Il ne m’en faut pas plus

Pour te faire miauler de plaisir

Et te mettre à quatre pattes

Petit alphabet des émotions

L, M, N…

Tout était écrit

Plus simple que n’importe quelle prophétie

J’aurais dû y songer

Le « L » venant avant le « M »

Elle s’est faufilée

Elle, présente, avant que je ne l’aime

M, N…

« N » après « M »

C’était une sorcière

Haine ressentie après l’avoir aimée

M, N, O…

« O » derrière « N »

Je me suis vengé

D’eau l’ai-je trempée après l’avoir haïe

N, O, P…

Puis la paix fut en moi

« P » juste après l’« O »

Et ce fut bien rigolo

Mais…

R, S, T…

Même après

Tout compte fait

Ma haine est restée

Mon héroïne

Ô toi ma sauveuse, ô toi mon héroïne

Perdu j’étais, foutu d’avance

Vague à l’âme et cœur à la dérive

Et lentement je chavirais… vers le pas grand-chose du rien

Et le trois fois rien du rien de rien

Soit donc du néant

Vogue, vogue la galère des galériens

Les bateaux ont-ils des jambes ? Eh non mon fils il faut ramer

A contre-courant, en surface, en surplace je m’épuisais

Jusqu’au jour où un phare m’éblouit

Et c’est toi mon héroïne, qui a sauté dans mes bras

Brisant mes chaînes, nous emportant au loin…

Pieds sur terre et tête dans les nuages

En lune de miel intemporelle

Tous les matins je m’éveille en pensant à toi

Tous les soirs je te sors de ta cachette

Et ne faisant plus qu’un tu m’emmènes vers les cieux…

Cruelle !

Pauvre amour

Il était une fois, etc, etc…

Parlotte, verbiage, que du blabla

Pauvre amour !

Nom commun et pourtant singulier

Pluriel à ses heures perdues

Féminin, tantôt, masculin, parfois

Variable ou invariable, c’est selon, ça dépend…

De quoi, du vent ?

Et pourquoi pas du vent !

Quand on s’ennuie de l’air marin

C’est un peu la même écume

Mais… pauvre amour, pauvre mot !

Sitôt énoncé, étouffé au berceau !

On en parle, on le chante on se l’offre

On le prête, le déforme, le clone, le profane

On le fait fructifier, on le joue, en bourse ou en vrai

Pour de rire ou pour de faux

A loisir ou à défaut

Et puis, parfois, au détour d’un chemin

On le fait

En fait, l’amour on en fait…

Ce que l’on veut, ce que l’on peut

C’est-à-dire bien peu, trop peu

Jamais trop, jamais assez

Comme si le sens nous échappait

Pourtant si simple, si limpide !

Faut-il toute une théorie

Faut-il tant de livres, de films et de chansons

Combien de prothèses encore ?

L’amour c’est l’amour, en un mot comme en cent phrases. Point

Mais non, point à la ligne, virgule, point-virgule ou pas de point du tout

Ce n’était pas assez compliqué comme ça

Et ça continue

Et ça débat et ça chante et ça filme et ça crie et ça écrit et ça s’écrie…

Et ça craque, et ça craint

Et en fin de conte, tu le vois bien

Notre colère nous égare

Nous brise et nous brime

La frontière est si fine

Amours de cauchemars

Venez à mon chevet ô petits cauchemars

Venez pénétrer ma chair fraîche

Mon corps vous est offert

Rien que pour vous mon âme s’est faite toute belle

Venez je vous attends

Je vous ai cuisiné, concocté, préparé

Avec amour ou peu s’en faut

Le plus profond des sommeils

Venez me rassurer

Veillez à m’assurer

Que plus jamais un beau rêve

Ne passera par là

La dernière fois

Ô petits cauchemars

Vous m’aviez abandonné

Un rêve m’a attrapé

Si merveilleux que j’y ai cru

Plus fort encore

Que ma propre mort

Une fois éveillé

Le piège était clos

Même le plus beau paysage

Etait devenu laid

Alors amis, petits cauchemars

Ne me laissez pas choir

Venez à mon chevet… venez !

Au-delà des racines

Mes pieds sont rattachés à la terre qui t’a fait naître

Mes têtes et mes bras communiquent avec les cieux…

Prosterne-toi misérable mortel

Je suis ton père et ta mémoire

Mes frères et moi sommes l’âme de ton monde

Nos cœurs te font vivre toi et les tiens

Si les litres de sang que tu possèdes

Circulent si bien en tes veines

C’est à nous que tu le dois

J’ai vécu dix fois ton âge et suis encore jeune

Et toi tu te sens déjà flétrir

Et toi tu fanes déjà peu à peu

Tu perds tes pétales et les pédales

Et ne le vois même pas

Je sais à quoi ressemblaient tes ancêtres

Et les ancêtres de leurs ancêtres

Chacune de mes respirations s’écoule en une année

Mais toi, oui toi, que fais-tu donc ?

Tu me saignes, me brûles et me souilles

Fais bien attention !

Le jour où je partirai

Je t’emmènerai avec moi…

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