Dictature de la mode… parmi les enfants

Voici les premières lignes d’une histoire à lire avec ses enfants, sur le thème du conformisme… pour réfléchir ensemble mais aussi pour rire et sourire. Extrait de mon recueil d’histoires ludiques et philosophiques pour toute la famille “Les contes du Chat Farceur”.

Pauvre Tom !

Il ne parvenait jamais à être à la mode. La mode, pour lui, était comme un écureuil en forêt : ça va beaucoup trop vite. A peine aperçu, il a déjà filé. Notre Tom avait toujours un temps de retard. Il n’était jamais à la mode, mais alors vraiment, vraiment jamais. Tu vas me dire, « Quand même ! C’est sûrement exagéré. Le héros de cette histoire a bien dû être à la mode au moins une fois dans sa vie ».

Eh bien non, pas une seule fois ! Je n’exagère rien.

Sauf à la naissance, peut-être… à la rigueur. Lorsque Tom poussa son premier cri, comme pour tous les bébés on coupa le cordon ombilical et on le nettoya, puis on lui enfila le pyjama pour nouveau-nés fourni par la clinique. Tous les autres bébés nés ce jour-là avaient le même, tout le monde était pareil, au point que chacun portait un bracelet pour ne pas confondre un bébé avec un autre… Ce jour-là, et seulement ce jour-là, Tom fut à la mode.

Tout se compliqua dès son deuxième jour d’existence.

Si ! Tom commença à devenir ringard dès son deuxième jour de vie ! Le pauvre… Heureusement bien sûr, il n’en garda aucun souvenir. Car ses parents continuèrent de l’habiller avec le pyjama de la clinique… Alors que tous les autres nouveau-nés étaient déjà revêtus d’habits offerts par la famille.

Et ça ne s’arrêta pas là. Au contraire, tout devint de pire en pire.

A trois ans, les copains-copines étaient en t-shirt et jean. Tom, lui, en chemise et en short. Les enfants pouvaient grimper aux arbres sans crainte, lui n’arrêtait pas de s’écorcher les mollets.

A six ans survint la mode des casquettes. Tout le monde en portait une, sauf Tom. Il mit un temps fou à convaincre maman de bien vouloir lui en offrir une. Elle était d’accord en échange d’un quatorze en dictée. Le temps de l’obtenir (il n’était pas très bon en dictée) et la mode des casquettes était passée. Tom ne voulait plus en porter, quel intérêt à présent ?

« Tu n’es jamais content » soupira maman.

A sept ans, c’était la mode des ceintures dorées fluo. « C’est stupide une ceinture dorée fluo », tu me diras. Eh bien, à l’époque, stupide était celui qui n’avait pas de ceinture dorée fluo. Ne prends pas cet air étonné ! Si demain tous tes copains se mettaient à en porter une tu en voudrais une toi aussi. Mais si, ne fais pas non de la tête !

Tom allait aujourd’hui sur ses dix ans, et il était toujours aussi démodé. C’est pas normal se répétait-il souvent, c’est à soixante ans qu’on est ringard, pas quand on a encore des dents de lait !

Il faut dire que la famille ne faisait rien pour l’aider. Phil, son grand frère de quinze ans, refilait ses vieux vêtements à Manu, son grand frère de douze ans, une fois qu’ils étaient trop petits pour lui. Et devine quoi ? Eh si : une fois les vêtements trop petits pour Manu, ce dernier les refilait à notre infortuné héros. Tom était vraiment le dindon de la farce (*), et la farce n’était pas très drôle. Enfin, pour toi si peut-être, mais pour lui pas du tout.

Tom était très ennuyé par cette situation.

A l’école, le garçon était sujet à bien des moqueries.

« Salut Tomos le ringardos ! »

« Eh, tes fringues sont périmées ! »

« Tom, ta mère a encore récupéré un rideau pour t’en faire un pantalon ? »

« La machine à voyager dans le temps de Tom est nulle, elle va que dans le passé ! »

« C’est quoi ce look des années trente ? »

« Quand je portais ça j’étais en maternelle »

« Charles Ingalls a téléphoné, il veut récupérer sa chemise ! »

Voilà le genre de phrase plus ou moins à longueur d’année. Généralement ce n’était pas méchant, d’ailleurs comme on dit, qui aime bien charrie bien… Seulement à la longue, c’était drôlement agaçant. D’habitude les copains n’avaient pas beaucoup de vocabulaire, par contre lorsqu’il s’agissait de vanner, là, ils devenaient des littéraires.

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