Que se passe-t-il, dans notre esprit, lorsque nous sommes manipulés ?
Voyons la publicité. On nous a convaincu que nous avions besoin d’objets et de services dont, pour certains, nous ignorions totalement l’existence il y a encore quelques années. On nous a également inculqué des associations d’idées. Exemple : moment festif autour d’une table en été = bouteille de coca. Cette association d’idées, aujourd’hui je ne la fais plus… mais elle m’a pourtant longtemps accaparée ! La répétition d’une idée peut s’ancrer dans l’esprit et influer sur les décisions. À cela vous me répondrez peut-être :
. « Pas les miennes. D’ailleurs, je suis imperméable au type d’associations d’idées dont tu parles. »
Entendu. Peut-être bien pour l’exemple que j’ai cité, et tant mieux. Mais n’y a-t-il aucune association d’idées qui vous touche ? Jamais et de quelque sorte que ce soit ? Rappelez-vous que le cerveau aime se calquer à des schémas. Nous sommes presque tous influencés par des associations d’idées. Toutes ne sont pas nécessairement néfastes, certaines peuvent même être très bénéfiques. Ceci dit, il est important de savoir les repérer et y réfléchir, afin de faire le tri.
. « L’association d’idées liée à l’exemple cité n’entraîne pas de conséquences particulière. Ce sont juste quelques publicitaires un peu malins, rien de plus. »
Admettons. Mais est-ce bien certain ? D’une part, le coca est extrêmement néfaste à long terme (et même à moyen terme) sur la santé. Cela commence vraiment à se savoir… D’autre part, rappelons-nous la phrase que le gouvernement du roman « 1984 » impose au peuple : « 2 + 2 = 5 ». Dans l’absolu, qu’est-ce que ce « 2 + 2 = 5 » entraîne ? Pas grand-chose. Cela ne semble pas porter tant que cela à conséquence. Mais c’est un symbole. À partir du moment où on est parvenu à faire accepter une telle absurdité, on peut faire passer à peu près n’importe quoi d’autre.
Si l’on accepte l’association d’idées « moment festif = coca » (ce qui est bel et bien une absurdité), acceptera-t-on d’emblée n’importe quel énorme mensonge ? Pas nécessairement d’emblée. Mais je suis persuadé qu’on sera bien plus manipulable pour tout un tas d’autres idées incohérentes. C’est pour cela qu’il est important de se défaire des associations d’idées absurdes, même les plus anecdotiques. Bien sûr, vous n’atteindrez pas la perfection… mais ceci est sans importance. On n’atteint jamais la perfection. En tant que magnétiseur, je sais qu’on peut simplement y tendre.
Le mental n’est pas un ennemi… simplement un paresseux
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il s’agit-là d’un schéma. D’un processus mental. On reçoit une image simple, qui fait appel à l’émotionnel et aux ressentis. Un moment convivial est agréable à imaginer. Le publicitaire y ajoute une couleur vive (le rouge), et une ambiance rassurante (musique, sourires, beaux physiques…). Si on laisse le processus se faire, il y a des risques pour qu’on s’y habitue. Les autres associations d’idées qui nous seront ensuite envoyées seront plus facilement acceptées. Et ainsi de suite…
C’est pour cela que dans le monde du Zen, on parle toujours de conscience et de recentrage. Être conscient en permanence ? C’est impossible. Il ne faut pas chercher cet état, vous n’y parviendrez pas. Ne culpabilisez pas de vos états inconscients, au cours desquels vous êtes hypnotisés par des messages : nous sommes tous pareils, ce sont des processus propres à la nature humaine.
L’essentiel est de songer, régulièrement, à faire le point et faire la part des choses entre ce que l’on pense/croit vraiment… et les associations d’idées que l’on nous a artificiellement inculquées. Il est donc inutile de culpabiliser, ou de chercher en permanence à rester « éveillé » et à guetter où est le piège. Le conseil semble paradoxal… on nous recommande souvent le contraire, surtout sur les sites/blogs alternatifs (qu’ils soient orientés développement personnel, bien-être, politique ou autre).
Quand « l’éveil » devient une obsession
Le problème est que beaucoup de gens développent aujourd’hui une forme de paranoïa. À la moindre lecture, discussion, à la moindre info, on cherche l’erreur. On se met à douter de tout et de tout le monde, et en contrepartie on se met à accorder une confiance absolue à d’autres, à celles et ceux qui « dénoncent » précisément les manipulations, quitte à se faire manipuler par ces personnes en retour. Raël ou la scientologie en sont des exemples criants, mais il en existe bien d’autres, bien moins voyants.
C’est un phénomène à la fois vieux comme le monde… et relativement récent dans sa forme actuelle. Comme on doute de tout et que cela fait, du coup, énormément de choses envers lesquelles douter, on passe de plus en plus de temps à lire/écouter une foule de « contre-informations » diverses et variées dont on ne retient rien de précis, étant donné que plus on démultiplie les sources moins on a le temps d’approfondir quoi que ce soit.
Résultat : aucune pensée très précise n’en découle, mais plutôt un sentiment général de mal-être. En nous, de jour comme de nuit cette impression que l’on cherche sans arrêt à nous perdre, que l’on est dans une matrice. Que l’on se joue de nous ! Ce n’est pas une bonne voie de développement personnel…
Si vous vous plongez dans votre domaine de bien-être nuit et jour, ce ne sera pas une bonne chose : vous vous mettrez à TOUT interpréter en fonction de ce domaine, en permanence ! Par exemple, si vous apprenez à ressentir les auras, vous vous interrogerez alors en permanence sur l’aura de la personne avec qui vous parlez, quitte à ne plus songer qu’à cela. Si vous travaillez sur l’ouverture des chakras, idem. Etc.
Une pratique n’est donc bénéfique que lorsqu’elle n’est pas envahissante. Que lorsqu’elle est un élément de votre existence (quitte à ce que ce soit un élément important) parmi d’autres, et non pas l’élément au centre de tout. Une pratique que l’on place au centre de tout risque de vous servir de refuge, comme une fuite en avant : plus le monde moderne vous fera subir d’épreuves, pour vous les fuirez en vous réfugiant dans votre pratique.
Certes, on peut de temps en temps être dans son cocon, on peut trouver refuge dans ses techniques de bien-être. Mais n’oubliez jamais qu’une méthode de développement personnel doit vous servir à améliorer votre quotidien, à être plus ouvert, sociable, tolérant. Elle doit développer votre imaginaire, votre inspiration, vous aider à affronter les épreuves de la vie et à les surmonter. Si votre pratique devient trop envahissante, vous risquez d’obtenir le contraire.
Savoir faire la part des choses pour ne plus être manipulable
Lorsqu’on reçoit une information et qu’on l’assimile, lorsqu’on entre dans une association d’idées, ce n’est pas un mal dans l’absolu. En fait, le cerveau cherche sans arrêt à se simplifier la vie, afin de traiter les données avec efficacité. Être en permanence totalement alerte et éveillé est trop pour lui. Une association d’idées est simplement un raccourci qu’il a acquis, afin d’intégrer plus simplement les informations reçues.
Soyez-en conscient afin de ne plus rejeter ces schémas : ils ne sont pas vos ennemis. Le tout est de vous remettre régulièrement en question, afin d’intégrer des raccourcis qui vous simplifient réellement l’existence. Et de fait, effacer coûte que coûte ceux qui vous plongent dans un état de confusion ou vous poussent à l’erreur. En étant conscient de ses associations d’idées, on peut les remettre en question et évoluer.
Prendre du recul et se poser les bonnes questions est un exercice tout simple. « Pourquoi je pense telle chose ? ». « D’où me vient telle opinion ? ». « Pourquoi suis-je énervé lorsque j’entends parler de…. ». « Pourquoi suis-je en confiance dès qu’on évoque… ». Ce n’est pas plus compliqué que cela. Vous aussi, essayez et vous verrez : vous deviendrez de plus en plus réfléchi et de moins en moins manipulable.