Et si le danger ne venait pas de l’I.A. …

Et si la révolte contre les humains ne venait pas d’une quelconque intelligence artificielle mais… des choses ? Des objets du quotidien ? C’est ce qui arrive dans notre aventure, où un pneu décide de partir en cavale contre l’opresseur. Extrait de mon recueil d’histoires ludiques et philosophiques pour toute la famille « Les contes du Chat Farceur ».

Hector s’approcha, le maire ouvrit la porte. Tous deux montèrent au premier étage, au bureau principal, là où il travaillait tous les jours. Charles-Bernard Henry observa Hector de la tête aux pieds, si ce n’est qu’il ne possédait ni tête ni pieds. Disons qu’il le regarda de haut en bas.

— Mais enfin, vous êtes un pneu mon pauvre ami ! S’écria le maire.

— J’avoue. Oui c’est vrai, dit Hector. J’aurais bien voulu naître humain, je suis né pneu.

— C’est bien la première fois que je reçois un pneu. Ainsi, c’était donc vrai ce qu’on raconte dans les journaux…

— On parle de nous ?

— Que oui ! Votre bande qui sème la terreur, passe de ville en ville, met le bazar partout… tout viendrait donc de vous, là, qui êtes devant moi !?

— Bah oui, moi… Hector.

— Parce qu’en plus vous avez un nom ?!

— Et pourquoi pas ? Vous en avez bien un, vous. N’est-ce pas ?

— Oui, je suis Charles-Bernard Henry.

Voilà qu’à présent les choses se rebellent et portent un nom.

Dites-moi cher Hector, j’espère que vous n’avez pas l’intention de mettre la pagaille dans ma belle ville d’Elerainville !

— Nous en avons assez de tout casser. Au début c’était drôle…

— Vous cherchez du travail ? Voulez-vous que j’appelle l’usine du coin ? Ils auraient sans doute des voitures en recherche de pneus…

— Ah ça jamais vous m’entendez, jamais !!

— Bon, du calme. En ce cas, que voulez-vous ?

— Oh, on se disait comme ça que… vous pourriez peut-être nous prêter un grand bateau et quelques marins pour le naviguer.

— Rien que ça !

— Oui, on pourrait se trouver une petite île dans le coin, vous voyez ? Une île où on serait tranquilles. Il n’y aurait plus d’affrontements avec les humains, plus de bazar…

— Mais mon cher vous m’avez pris pour un millionnaire !

— Je pensais que tous les maires l’étaient.

— Vous savez combien ça coûte, un bateau qui pourrait tous vous contenir ?

— Non. Combien ?

— Cher. Très cher ! TROP cher !

— En même temps on ne prend pas tant de place. Quand on se range bien les uns sur les autres…

— J’en ai déjà vu la démonstration tout à l’heure. Vous n’êtes pas bien doués.

— Il suffit de mettre ceux qui toussent en haut plutôt qu’en bas ?

— Même en supposant cela le coût est beaucoup trop élevé pour notre petite mairie.

— Ça c’est embêtant, répondit Hector.


Et Hector fit alors ce que fait tout pneu lorsqu’il est contrarié : il se mit à tourner en rond.

Le maire réfléchit. Il eut alors une idée à son tour.


— Bon, bon, reprenez-vous mon ami et écoutez-moi : la fête de la ville approche. Comme chaque année, nous avons un pneu, pardon, un peu le même problème : attirer beaucoup de monde est très compliqué. Cette ville est petite… cette mairie est modeste ! Nous n’avons aucun grand évènement pour attirer les foules, ni les touristes, et encore moins les foules de touristes. Aussi je vous propose un marché : faites un grand défilé avec l’aide de tous les artistes de la ville. Je vois ça d’ici : grande parade à Elerainville où les pneus avancent tout seuls ! On viendra de la région entière pour voir cela, peut-être même aussi des régions voisines, des pays voisins, des continents voisins, des planètes vois… Heu, enfin, on viendra de loin.

— Quelle utilité ?

— Voyons Hector ! Tous ces gens nous leur vendrons des glaces, des nuits d’hôtel, des repas, des tours en pédalos ! Et puis bien sûr des produits dérivés ! Peluches en forme de pneu, oreillers, t-shirts, pantoufles à l’effigie de pneus ! Ce qui fournira largement le budget pour ce bateau. Enfin, pour sa location. Qu’en pensez-vous ?

— Bah… Rien, répondit Hector un peu dépassé.

L’enthousiasme du maire retomba comme un soufflé au fromage mal cuisiné.

— Comment ça rien ?!

— Je n’ai pas tout compris. Il faudrait que vous réexpliquiez plus lentement, mais alors vraiment beaucoup, beaucoup plus lentement.

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