Le syndrome de l’enfant-roi…

On parle parfois des « enfants rois ». En général, Bastien n’en est pas un. Il n’en a pas le quotidien, et pas non plus la personnalité. Sauf ce matin, jour de son anniversaire. Et il va aller trop loin… En voulant faire tourner sa fée protectrice en bourrique, le pauvre va provoquer sa terrible colère. Extrait de mon recueil d’histoires ludiques et philosophiques pour toute la famille « Les contes du Chat Farceur ».

Ah oui c’est vrai, il y avait les cadeaux. Bastien n’y songeait plus. Lui qui, comme tous les enfants, adorait en recevoir ! C’était peut-être le moment de se montrer un peu plus aimable. Oh ça il n’en avait pas envie, vraiment pas. Il eut même envie de provoquer un peu la fée. Après tout que risquait-il ? Ce n’était pas comme papa et maman qui pouvaient le gronder très fort. Soutikhi était si petite ! Sa voix portait si peu qu’il fallait tendre l’oreille pour l’entendre. Même si elle le giflait, il ne sentirait rien. Et si elle se fâchait ce serait tant pis pour elle. Quant aux cadeaux, elle avait juré de toujours lui en faire, chaque année.

Et les fées tiennent toujours leurs promesses…

Bastien hésita encore un instant entre faire des efforts pour être gentil et rester désagréable. Son choix était fait.

— Alors ? Dit la fée. Me dis pas tu ne veux rien du tout cette année !

— Laisse-moi réfléchir. Je veux, je veux… Cette année je veux une énorme voiture. Pas un jouet, une vraie ! Je veux aussi un billet pour faire le tour du monde en jet privé. Et puis la collection complète des disques de Jones Marsh Johnson, même les plus rares. Et enfin, un costard-cravate sur mesure.

La fée regarda Bastien d’un air interrogatif, sans parvenir à savoir s’il lui faisait une blague ou s’il était sérieux. Le garçon devança la question…

— Je suis on ne peut plus sérieux, dit-il d’un air goguenard (*). Je dirais même que je n’ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie.

— Mmm… alors je ne te comprends pas.

— Et pourquoi donc s’il te plaît ?

— La voiture te servira à rien : t’es trop petit pour la conduire. Le voyage ? T’es trop jeune pour le faire seul. Les disques de Jones Marsh Johnson, tu les as déjà presque tous. Quant au costard-cravate, ce n’est pas à ton âge qu’on en porte.

— C’est quand même ce que je veux !

— Hum ! J’ai l’impression que tu demandes ça juste pour m’embêter.

Voilà qui ne me plaît pas beaucoup.

— Bon, d’accord, oublions. Alors je veux un véritable diamant, et aussi un lingot d’argent et un lingot d’or massif.

— Allons bon…

Le visage de la fée Soutikhi n’était plus du tout aussi jovial qu’il y a une minute. A chaque nouvelle réponse de son protégé, ses sourcils se fronçaient davantage. De plus, sa robe avait changé de couleur, ce qui n’était pas bon signe.

C’était une robe caméléon, très à la mode chez les fées : le ton évoluait selon l’humeur de celle qui la porte.

Il était rare que le vêtement ne soit pas arc-en-ciel. Là, il venait de virer au gris.

Bastien ne s’en était même pas rendu compte. S’il avait su ce qui l’attendait…

— Non plus ? Bon, en ce cas, tu me donneras l’ordinateur le plus puissant du monde, et aussi une console avec mille jeux, et un téléphone mobile dernier cri.

— Tu sais très bien que les règles magiques des fées m’interdisent d’offrir de l’électronique !

— Et puis zut à la fin ! C’est toi qui m’embêtes. Offre-moi ce que tu veux, tu trouveras bien toute seule. Ou sinon va-t’en d’ici, allez ouste !

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