Je m’apprêtais à publier cet article au moment où les attentats de Nice sont survenus. La réflexion me paraissant toujours intéressante et la vie devant continuer coûte que coûte, j’ai souhaité le mettre en ligne malgré tout, après que chacun ait pu prendre un peu de recul. Je parlerai donc ici uniquement des journées « 14 juillet » en fonction de leur défilé traditionnel (pour une réflexion sur le drame du 14 juillet 2016, j’ai écrit à ce sujet ici). Bien entendu, je resterai dans la thématique de ce blog en traitant le sujet sous l’angle du bien-être.
Nationalisme doit-il rimer avec armement ?
Le terme « nationalisme » est presque devenu un gros mot ou une insulte. On préfère désormais dire « patriotisme », ce qui pourtant revient au même (on devrait donc avoir honte d’être attaché à sa nation tout en étant fier d’être attaché à sa patrie ? Que celle ou celui qui a compris veuille bien m’expliquer). Un défilé national où l’on chante la marseillaise et où l’on glorifie les forces françaises, c’est pourtant bien du nationalisme. Pour ma part, un défilé d’armement me gêne bien davantage que le sentiment nationaliste, qui lui ne me dérange aucunement.
Les pacifistes et praticiens orientés zen sont souvent vus comme des irréalistes. Dans la vie, on ne peut tout régler de façon cool et apaisée, sauf si on habite sur une île déserte ou une forêt profonde (et encore, vous pourriez avoir des problèmes de voisinage avec les requins ou les loups). Savoir se défendre et sauver sa peau est essentiel : il arrive que l’on ait pas le choix ! Et ceci malgré son attitude douce et son comportement bienveillant. Il ne s’agit donc pas de s’opposer à tout armement. Il s’agit plutôt de s’interroger sur le sens d’un défilé purement militaire.
À quoi sert donc une arme ? Le côté flamboyant et magistral d’un tank ou d’un avion de chasse nous l’a presque fait oublier. Étaler son matériel revient à faire passer un message sous jacent. Un message menaçant : « voilà ce que nous sommes capables de vous envoyer ». Les appareils aujourd’hui sont capables de commettre des massacres. Des tueries bien pires que n’importe quel attentat terroriste. Et il arrive que l’on intervienne en tuant des civils, bien plus souvent qu’on ne le pense.
C’est pour cela que je n’ai jamais été fan des défilés du 14 juillet, bien au contraire. Je les ai toujours boycottés, et suis aujourd’hui ravi de voir qu’au vu des images (où est passé la foule ?), je ne suis plus le seul. Je n’oublie pas, par ailleurs, qu’il y a une sorte de « miroir » entre un défilé militaire et un attentat terroriste. Faire la guerre est très souvent une façon normalisée de faire du terrorisme. Faire du terrorisme est souvent la manière « non officielle » de faire la guerre. C’est une réalité dure mais c’est la réalité. Les peuples syriens, irakiens, libyens ayant subi les frappes européennes et américaines en savent malheureusement quelque chose.
La vraie force d’une nation n’est pas (que) dans sa force physique… mais surtout dans le bien-être qu’elle est capable de répandre
Une nouvelle tendance commence cependant à se dessiner : on ne fait plus défiler que les militaires. On montre désormais également les gardiens de pénitenciers, les pompiers, les sauveteurs. On continue à montrer les appareils militaires, mais ils occupent une place moins importante qu’auparavant. C’est déjà mieux… mais on en oublie encore tant !
Je rêve qu’un beau jour, le défilé du 14 juillet représente toute la France. Qu’il mette en valeur ce qui fait réellement la force du pays, avec un cortège :
– de futures mamans et de futurs papas
– d’infirmières, d’infirmiers
– de bénévoles associatifs
– de performeurs (danseurs, jongleurs, cracheurs de feu…)
– de travailleurs sociaux
– d’agriculteurs.
…ainsi que des gendarmes et des policiers.
Qui sait si nous n’y viendrons pas ?
Car tout de même, nous avons autre chose à montrer que des gros blindés. Nous, français, ne sommes pas des as en tout, loin de là… nous avons tout de même quelques qualités. Notamment un certain sens artistique, des artisans au top, des cultivateurs passionnés, des écrivains, d’excellents manuels… Ne serait-ce pas bien plus positif, comme “démonstration de force” ?