Je ne réagis pas toujours en fonction de l’actualité, et surtout pas en m’imposant de tout publier en quatrième vitesse. Non pas que la thématique du site ne s’y prête pas. Tout peut s’analyser du point de vue du bien-être et du développement personnel. Même (surtout ?) le pire, car ce n’est qu’ainsi qu’on peut évoluer : en étant dans le monde actuel, et non pas dans un univers coupé des autres. Lorsqu’un drame survient, il peut y avoir beaucoup à dire, mais c’est également le silence qui doit savoir s’exprimer.
Quand l’instant présent devient stress
Nous sommes dans une société d’immédiateté. Que l’on soit une star, une personnalité politique ou un quidam, on « doit » réagir à tout événement, quasiment à la minute même. D’où les nombreuses publications maladroites sur les réseaux sociaux qui font le bad-buzz. Coquilles, fausses-informations relayées car prises pour des vraies, sous-entendus, paroles faisant croire que l’on en pense bien davantage que ce que l’on en dit… Les exemples ne manqueraient pas et touchent un peu tout le monde. Certains vont jusqu’à recruter des préposés qui écriront tous les messages à votre place, ce qui n’est pas une solution non plus car même les pros du web peuvent commettre des erreurs… outre le manque d’authenticité de la démarche.
Comment réagir face à un drame, en tant que…
(Me concernant, je me suis demandé : En tant que blogueur orienté développement personnel).
C’est la question que se pose tout un chacun, en remplaçant le dernier terme par sa nature ou sa fonction propre. Et cela concerne autant les drames personnels que généraux.
Comment réagir….
. En tant qu’ami face à un ami qui vient de tomber gravement malade ?
. En tant que collègue face à un collègue blessé dans un attentat ?
. À la famille d’un proche qui vient de décéder ?
Autant d’interrogations cruciales qui nous concernent toutes et tous.
On a peur de ne pas savoir quoi dire, de commettre une gaffe, d’être maladroit, de n’être d’aucun secours, voire de faire empirer les choses.
Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé : sur Facebook, et surtout sur Twitter, on en est à attendre la réaction d’untel ou unetelle, même pour des sujets qui ne les concernent pas directement. S’attendre à la réaction d’un politique suite à un attentat est logique. S’impatienter de la non-réaction d’une chanteuse ou d’un écrivain face à ce même type de drame, cela a beaucoup, beaucoup moins de sens.
Le système est un peu le même face à un proche. Bien souvent, une réaction construite ne mène à rien. On peut se contenter de faire acte de présence et de réconforter. Si on ne trouve rien à dire, il n’est pas nécessaire de dire quoi que ce soit.
De l’auto-censure à l’auto-surveillance
On dit parfois que nous sommes dans un monde de plus en plus « fliqué » et « fiché ». Est-ce juste ? Quand on voit à quel point il est facile de passer entre les mailles du filet et commettre des méfaits, on constate que c’est très exagéré. Pour le citoyen du quotidien, nous sommes plutôt passés dans une phase d’auto-surveillance. En étant toujours joignable par téléphone (voire webcam), en informant tout le monde de ce que l’on fait à tout instant, de ce que l’on pense, de l’endroit où on se trouve… on se surveille soi-même sans même s’en rendre compte. Dès que l’on vit une émotion forte, on s’empresse de la partager de quelque façon que ce soit. Le désir de partage est logique… mais ne jamais rien vouloir garder pour soi, se sentir obligé d’avoir une réaction pour tout, c’est s’enferme de son propre chef. Que les personnalités aient peu de vie privée et aient du mal à échapper aux « radars », on peut le comprendre. Mais vous et moi ?
Un choc psychique ? Apprenez à le laisser passer
Apprendre cela n’a rien de compliqué. En fait, cela consiste surtout à désapprendre le reste : refuser de jouer un rôle, de réagir au quart de tour. Se contenter d’être soi-même, avec toutes ses faiblesses et ses maladresses. Si vous ne comprenez pas, ne faites pas mine de comprendre. Si vous êtes en colère, laissez-la s’exprimer tout en ayant conscience qu’elle n’entraînera pas de pensées très construites. Si vous avez besoin de rester un peu dans votre bulle sans réagir, autorisez-le vous. C’est en cherchant à tout faire et à trop faire que l’on agit mal. Que l’on agit sans être aligné à soi-même. On s’aligne alors sur la rapidité des réseaux sociaux, sur ce qu’on suppose devoir faire… et on se sent mal ensuite, car on sait que cela ne nous ressemble pas.
Faisons simplement silence, quelques instants. Cessons de tout juger, de tout interpréter, et laissons le choc passer en nous. C’est un exercice de modestie et, au final, d’altruisme. Cela permet de songer à celles et ceux qui souffrent, à celles et ceux que le malheur a frappé, plutôt que de songer à la façon dont on pourrait donner une réponse là où il n’y a aucune question.