Médias : comment ne plus se laisser avoir

(…et pourquoi les plus manipulateurs ne sont pas ceux que l’on croit )

Le peuple montre aujourd’hui une certaine défiance et méfiance vis-à-vis des politiques et des médias. Ce qui est très contradictoire. Nous continuons de voter, soutenir le système, nous informer auprès des médias, tout en ayant le sentiment d’être manipulés. Définir les frontières de la manipulation est complexe : au fond, pour qu’il n’y ait jamais le moindre risque de manipulation, il faudrait que toute information :
. Soit délivrée de façon brute, sans le moindre parti pris.
. Soit délivrée entière, sans rien omettre.
. Et soit même… sans aucune mise en forme particulière.
Or, c’est impossible. Rien que les tournures de phrases et la façon de présenter sont un parti pris. Et nombre d’informations sont trop complexes pour qu’on puisse les présenter sans sélection. Et une sélection… est forcément partiale.

De l’info plate à l’info fouillée : un public en évolution

L’information la plus neutre qui soit est celle des dépêches AFP, le plus souvent lues dans la presse gratuite Internet ou papier (Métro, 20 Minutes, Yahoo…). En fait, ces médias-là sont surtout survolés : on lit un numéro en quelques minutes et on le repose. Après avoir connu une vraie popularité, la presse gratuite semble d’ailleurs en perte de vitesse. Il n’y a qu’à voir le peu de lecteurs croisés dans le métro, du moins par rapport à quelques années plus tôt, ainsi que les stocks de journaux restant le soir dans les bacs de distribution, n’ayant pas trouvés preneurs. Il y a tout un nouveau public pour les enquêtes et les articles de fond, bien que la presse classique fonctionne beaucoup sous perfusion : sans subventions la plupart des grands titres ne pourraient pas tenir, du Monde à Libération. Une presse nouvelle génération a par contre tendance à séduire un public ciblé mais croissant, tel celui de Streetpress (média Internet) ou le magazine XXI (média papier).

Quand y a-t-il ou n’y a-t-il pas manipulation ?

Un article orienté ou de parti pris n’est pas nécessairement un article manipulatoire… sans cela, tout article serait manipulatoire. On peut dire qu’il y a manipulation lorsque :

. Une partie de l’information, gênante pour le point de vue défendu par l’auteur, est volontairement occultée. Le parti pris n’est pas un problème… le parti pris caché en est un.
. Le point de vue défendu n’est pas mis clairement en avant, mais apparaît plutôt en filigrane, parfois de façon quasi subliminale. Cela passe par les mots comme par les images. Par exemple, on choisira une photo de tel politique sous son pire profil et faisant une tête d’enterrement.
. On utilise toujours le même schéma de pensée. Si on est un journal radical de gauche, tout article sur le libéralisme ou la droite sera négatif. Et vice versa.

Lorsque vous consultez un média, songez bien à ces trois points. S’ils sont tous trois réunis : méfiance !

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Les prétendus « manipulateurs » de l’info le sont-ils réellement ?

Un certain nombre de détracteurs ont violemment critiqué le Petit Journal, l’accusant de montages mensongers et manipulateurs. L’équipe n’a même plus accès aux meetings de certains partis, et il lui est arrivé plus d’une fois d’être attaquée par des manifestants ou « virée » par une équipe de sécurité.
Je ne cherche pas à défendre cette émission que j’ai peu regardé et qui ne me plait pas particulièrement. Toutefois, elle a un grand avantage : elle fait ce que tous les J.T. font depuis des décennies, ce qu’ils ont toujours faits… mais sans en faire un secret. Leurs montages sont si grossiers et caricaturaux qu’ils en deviennent drôles, et c’est bien là le but. Et personne n’en réchappe : l’équipe se moque ouvertement de tout le monde, du président à l’opposition, en passant par les petits partis. Une orientation “gauchisante” ? Sans doute, plus ou moins, encore que le ton léger leur a valu de se fâcher aussi bien avec le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon que le Front National de Marine Le Pen. Comme quoi…

Aussi, on prétend que le Petit Journal serait le plus manipulateur de tous : pour ma part, je prétends que c’est le contraire. C’est un peu comme les Guignols : le ton est clairement orienté, les sujets sont ouvertement choisis pour défendre une chapelle plutôt qu’une autre. Cela ne se fait pas de façon secrète, sous-jacente, mais au contraire en en faisant une marque de fabrique.

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Télé-réalité, enquêtes, docus, reportages… quand un montage raconte une histoire

Le top de la manipulation revient certainement aux émission de type « Confessions intimes ». En suivant une personne du réveil au coucher, on peut raconter l’histoire que l’on souhaite. On peut vous faire passer pour une personne censée comme un parfait crétin ! Certains en ont fait les frais et ont eu bien du mal à s’en remettre. Plus que le montage, les « journalistes » (cinéastes ?) présents vont jusqu’à faire des mises en scène, et faire rejouer certains dialogues par les protagonistes. Cela a d’ailleurs été démontré par Rémi Gaillard dans une de ses caméras cachées.

C’est une autre façon de débusquer un reportage ou documentaire malhonnête. Lorsque vous en regardez un, posez-vous la question : est-ce que cela ressemble à la réalité, ou à un film ? Est-ce réaliste ou caricatural ? Est-ce que tout est surjoué, exagéré ? Si oui, il y a fort à parier que vous regardez un sujet aux trois-quarts bidonné. Dans lequel on prend pour base un cas réel, puis on le retravaille jusqu’à en faire une sorte de docu-fiction (qui ne dit pas son nom). C’est devenu très courant.

La dernière bonne question à se poser, qui devrait être en fait la première : « qu’est-ce que cela m’apporte ? ». Si on a le sentiment de s’enrichir et d’apprendre des choses intéressantes, le média a tout intérêt à être « consommé » (qu’il soit audiovisuel, papier, Internet, radio). Toutefois, il faut rester alerte et ne pas oublier les autres interrogations. L’info parait-elle fiable, honnête ?

Quoi qu’il en soit, que tel ou tel média cherche ou non à manipuler, il cherche toujours à faire passer une idée. Qui est donc forcément sujet à caution. Afin de mieux s’informer, on peut déjà choisir de consommer moins d’informations mais d’étudier davantage chacune d’entre-elles. Et de rechercher, à chaque fois, les points de vue opposés. Vous verrez que ce n’est pas si simple : il arrive souvent que la quasi totalité des journaux reprennent la même info et la ressort telle quelle, à quelques mots près. Face à cela, n’hésitez pas à varier les supports et à observer les médias amateurs : blogs, chaînes Youtube… Peu à peu, vous parviendrez à vivre autrement l’information.

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