Gérer un état de choc : comment faire une « purge » de l’esprit ?

Un état de choc survient souvent après un drame. Votre conjoint(e) vous quitte, vous avez un accident de voiture, subissez une agression dans la rue. Vous perdez votre travail, vous vous retrouvez endetté, un proche décède…
Mais…

un état de choc peut également survenir sans raison apparente

ou bien pour une raison d’apparence anodine. Il arrive alors que l’entourage ne nous comprenne pas, et qu’on ne comprenne pas soi-même ce qu’il nous arrive. On a l’impression que tout ceci n’a aucun sens, qu’on est esclave d’éléments sur lesquels on n’exerce aucun contrôle. Quelle angoisse ! Pour peu qu’on soit mystique ou religieux, on peut même s’imaginer être en prise à quelque démon ou mauvais esprit. L’état de choc survient en plusieurs cas :

– Tout d’abord, celui que nous venons de voir dans les premières : un drame. Le « bien dans le mal », s’i j’ose dire, est qu’il rend l’état cohérent. Tout le monde le comprend, et on reçoit généralement soutien et encouragement de la famille et de l’entourage.

– Ensuite, la pression qui monte peu à peu et qui finit par exploser. Lorsque l’on vit une souffrance, une contrariété ou une frustration, on a tendance à l’étouffer. On pense l’avoir supprimée, alors qu’en fait elle subsiste dans l’inconscient. Elle amplifie de jour en jour, de mois en mois, jusqu’au jour où elle s’extériorise. J’y reviens en détails dans plusieurs articles, notamment dans « Enthousiaste/Déprimé : que faire quand on fait le « yoyo » ? ».

– Enfin, l’hypersensibilité. Nous vivons tous les évènements différemment. Une même anecdote vécue sera immédiatement oubliée par telle personne, tandis qu’elle troublera profondément telle autre. Par exemple, vous marchez dans la rue avec un ami. Vous croisez un sans-abri. Votre ami ne le remarque même pas… vous, cela vous rappelle d’un seul coup toute la violence et la cruauté de la société actuelle. Votre moral est au plus bas plusieurs jours durant, ou tout du moins toute la journée. Ou bien vous êtes angoissé par le stress citadin ambiant. Etc.

L’état de choc, lorsqu’il survient, peut être mystérieux… mais jamais incohérent. Ne cherchez pas à l’analyser tout de suite : vous pourriez vous perdre en considérations stériles, et vous mettre dans un état pire encore. Attendez que cet état passe, et faites le point seulement après. Seulement, comment faire ?

Purge du corps, purge de l’esprit…

Pour bien gérer un état de choc, il faut tout d’abord voir ce que l’on est capable de faire, et ce que cela procure. Certains états nous figent, nous glacent : on ne peut plus rien faire du tout. On ne parvient plus à communiquer avec l’entourage, à travailler, à sortir… On est comme tétanisé. Lorsque l’on s’aperçoit que c’est bien le cas, le mieux est alors de ne pas chercher à se forcer. C’est comme lorsque l’on vient de vivre une déception amoureuse : si on a envie de pleurer, plus on retient ses larmes en s’efforçant que tout va bien, plus la situation s’aggrave. Enchaîner les crises de larmes pendant un ou plusieurs jours sans aucune retenue est une forme de purge. Une fois que c’est fini, cela ne veut pas dire que tout va mieux. Mais on se sent comme vidé, prêt à vivre de nouveau. Et ce n’est que là qu’on peut se reconstruire peu à peu.

Crises de larmes ou pas, il faut savoir accepter sa souffrance. Ce qui ne signifie pas qu’il faut se dire « d’accord, la souffrance est là… je la laisse passer à la cool, et tout à l’heure je pourrai reprendre une activité normale ». Ce peut être le cas pour les petits troubles, mais pas pour les grandes souffrances et les états de choc.

Un état de choc tétanise. Selon moi, il faut donc savoir accepter cet état de tétanisation. Rassurez-vous ! Il n’est pas question de vivre cela pendant des semaines ou des mois. En fait, cet état de « purge » a un avantage : plus la purge est forte et entière, plus vite elle est passée. C’est pour cela que vous devez la vivre à fond.

Que ressentez-vous, qu’avez-vous envie de faire ? Si vous désirez commettre un meurtre ou mettre fin à vos jours, bien évidemment, abstenez-vous. Si vous mourrez d’envie de tout casser chez vous, n’en faites rien. De telles pulsions se règlent généralement par un bon gros coup de sport. Aussi et surtout, vous aurez sans doute envie de ne rien faire. Vous enfermer chez vous, fermer les volets, vous enfouir sous la couette et… rien d’autre. De la musique, de la lecture ? Peut-être… ou peut-être pas. Si vous ressentez un profond mal-être en vous qui a besoin de s’exprimer, laissez-le plutôt s’exprimer pleinement. (Ce point vous est également résumé dans « Comment se faire du bien coûte que coûte lorsqu’on est au plus mal »).

Vous êtes ainsi en état de ne plus fuir vos souffrances mais de leur faire face : de les laisser prendre « possession » de vous, d’emplir toute votre âme. Dans les pires cas, on passe la journée à se retourner dans le lit, à gémir et à pleurer. Attention : ce n’est en rien du masochisme, ni une sorte « d’amour » ou de « fascination » pour la souffrance. C’est une astuce bien plus terre-à-terre : on purge son esprit. On laisse le gros des émotions se décharger.

depressif-vider-esprit

Savoir reprendre la main après une journée de “purge”

Cela tient en trois points principaux.

– Tout d’abord, considérer le moment vécu pour ce qu’il est, à savoir : expulser le trop-plein émotionnel. C’est très utile, et même indispensable, mais ça ne fait pas de miracles. Il faut en avoir conscience dès le début afin de ne pas être déçu après.

– Ceci dit, on se sent à priori mieux, avec davantage d’énergies et de désirs. On relativise également mieux nos soucis. Si ce n’est pas du tout le cas, il arrive qu’on ait besoin d’une ou de plusieurs journées de « purge » supplémentaires.

– On fait le point ! On considère les problèmes calmement, posément. On ne les fuit pas, on les prend en considération. Puis, on réfléchit à ce que l’on pourrait faire pour les résoudre ou les dépasser.

Les résoudre : c’est le cas, par exemple, pour une situation d’endettement. Il existe de nombreuses solutions ! (Dossier de surendettement, renégociation, assistante sociale…). C’est le moment de mettre cela en place. Attention : il ne faut pas en faire une obsession. Il convient de mettre une action en place, puis de penser à autre chose, d’aller s’aérer l’esprit. Le jour suivant, faire une seconde étape, puis ne plus y songer et s’occuper de son bien-être. Et ainsi de suite… C’est tout simple… et ça marche !

apaisement-relaxation

Les dépasser : c’est le cas, par exemple, pour un décès ou une rupture. On ne peut pas ressusciter le décédé, ni (dans la plupart des cas) se remettre avec son ex. Il n’y a alors rien d’autre à faire que… vivre, tout simplement. Faire des projets, sortir, bosser, communiquer. C’est le moment d’essayer des activités auxquels on n’avait pas pensé, de se redécouvrir. Pourquoi pas partir faire de la randonnée en haute montagne ou apprendre la nage indienne ? Et puis de temps en temps, on pourra prendre du recul par rapport à sa douleur, et analyser son vécu. Là encore, sans en faire une obsession : inutile de se lancer dans une longue psychanalyse, ni de s’interroger sans arrêt sur son passé. Y aller tranquillement, pas à pas.

En cas de grande souffrance, à vous de vivre vos propres « purges », et de me faire part, si vous le souhaitez, de vos retours d’expérience.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *