…et que ce n’est même pas une dépression ! Parfois, on râle pour râler. On dit même que ce serait très franco-français. Mais cette attitude ne va pas tarder à jouer de fort mauvais tours à notre petit héros. Extrait de mon recueil d’histoires ludiques et philosophiques pour toute la famille “Les contes du Chat Farceur”.
Bastien était descendu, on lui avait chanté son « Joyeux anniversaire », et il s’était efforcé de ne pas trop faire la tête. « Je suis sûr que cette année je vais avoir des cadeaux nuls et un gâteau au goût de poubelle », pensa-t-il en avalant son petit-déjeuner. D’ailleurs, l’œuf lui semblait mal cuit et les tartines mal grillées.
Tout en mangeant, le garçon n’arrêtait pas de marmonner des méchancetés contre le monde entier. Du coup, il s’en mettait partout. Il avait du jaune d’œuf sur les lèvres et le menton, des miettes de pain sur les joues, de la confiture sur le cou : un spectacle horrible ! Sa maman lui dit de faire attention et qu’il mangeait comme un bébé, ce qui une nouvelle fois le vexa.
Le chat Touloulou passa non loin de Bastien… et ne vint pas se frotter contre les jambes de son maître comme il avait l’habitude de le faire. L’animal préféra s’éloigner.
Sitôt le petit-déjeuner achevé, Bastien remonta dans sa chambre sans un mot.
C’est là que la fée Soutikhi apparut.
Pas plus haute qu’une main, revêtue d’une robe de toutes les couleurs et d’ailes presque invisibles, ses cheveux roux étaient, comme toujours, mal peignés. De fait, comme elle en avait beaucoup et qu’ils étaient longs, les mèches virevoltaient sans cesse autour de son visage, ce qui faisait souvent rire le garçon. Ce matin, non. Ce matin, rien n’aurait pu le faire rire, ni même sourire.
D’aussi loin qu’il se souvenait, Bastien avait toujours connu la fée ainsi. En toutes ces années, la fée Soutikhi n’avait pas pris la moindre ride. On pourrait croire que ces petites créatures sont éternelles et ne vieillissent jamais… En réalité, elles grandissent et vieillissent comme toi et moi, mais si lentement qu’on ne s’en rend pas compte. Une fée vit au moins plusieurs centaines d’années, sauf si elle fume et mange trop gras, en ce cas elle dépasse à peine les cent-cinquante ans.
Soutikhi mangeait bio, faisait du sport, prenait soin d’elle. Pas encore âgée d’un siècle, elle avait toute la vie devant elle. Il était impossible de lui donner un âge. Son visage et son corps étaient jeunes, pourtant on sentait en elle une forme de sagesse.
Cette fée adorait les enfants.
Elle en connaissait une bonne quinzaine dans le coin, leur rendait régulièrement visite et les protégeait.
Présente à la naissance de chacun, elle s’était jurée de les accompagner dans leur existence, les aider lorsqu’ils en avaient besoin. On comprend mieux pourquoi le garçon n’était nullement étonné de voir Soutikhi : il la connaissait depuis qu’il était tout bébé. Du reste, lors des anniversaires, les parents avaient juste à s’occuper du gâteau. Les cadeaux, Soutikhi avait toujours tenu à s’en charger. Si tes parents n’ont aucune fée pour les cadeaux, ils ont bien tort : ça fait de sacrées économies, c’est encore mieux qu’un père Noël.
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